Ceci est le top cinématographique annuel d'une étudiante en cinéma qui n'avait pas le temps d'aller au cinéma. Comble du comble. J'ai certainement manqué d'excellents films cette année, il n'empêche que j'ai tressailli dans certaines salles obscures cette année, et ce fut pour ceux-ci.
Sans m'être absolument extasiée devant et sans avoir lu toute la presse et tenu compte de l'agitation autour de ce film, je l'ai trouvé juste et réaliste - même s'il existe en ce bas monde un juste milieu entre les huîtres et les pâtes bolognaise ou l'érudition et l'ignorance. Il fallait bien trois heures pour peindre la fresque d'une histoire d'amour, de toutes les étapes de la découverte à la résignation en passant par l'ennui et la tempête. Enfin, le sujet de l'éducation sentimentale est toujours, pour moi, un beau sujet et il me semble que Kechiche l'a parfaitement traité dans ce film. (Mais une Palme, quand même...)
"Je suis femme et je conte mon histoire."
Je serai brève : quel spectacle ! Costumes, décors, musique, faste éblouissant des années 20 (qui me séduit d'emblée), DiCaprio (idem) qui prouve une fois encore qu'il n'a pas fini de nous surprendre et une 3D éblouissante : cette séance m'a fait quitter la terre l'espace de deux heures.
"I wish I had done everything on earth with you."
8. La bataille de Solférino de Justine Triet.
Le film avec le plus grand nombre de figurants, après Le Seigneur des Anneaux. Absolument l'un des meilleurs films français de l'année, et je ne dis pas ça uniquement parce que mon frère joue dedans et que l'excellent morceau Lose Your Soul chanté par Ryan Gosling nous emporte pendant le générique ! Tout est à saluer dans le film de Justine Triet : l'idée géniale qu'elle a eu de filmer cette double bataille : celle d'un couple pour ses enfants et d'un pays par ses enfants, ainsi que sa maîtrise de l'imprévu (foule, bébés et animaux). Entre le plein et le vide, le vacarme et le silence, c'est le pouls de la vie, avec sa part de jeu et d'improvisation mêlée, qui est rendu dans La bataille de Solférino.
"Tu vas ressentir le vide."
Très original, on ne l'avait encore vu dans aucun top 2013 ! Plus sérieusement, le travail technique titanesque ne peut être ignoré : c'est beau, voilà. Surtout la découverte magique des premières minutes qui nous immerge, du noir de la salle, dans ce cosmos en 3D. Passée la beauté des débuts, cette version futuriste d'Adam et Ève pris en plein Big Bang illustre parfaitement la force de l'humain et de la machine qu'est son corps dans la course à la vie. Beau et éprouvant.
"Woof woof !"
6. Les garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne.
Pour le jeu d'acteur époustouflant. Même si on l'avait déjà vu au théâtre, le cinéma permet de pousser le jeu du dédoublement encore plus loin et c'est appréciable. D'accord, il est partout et on ne voit que lui, c'est égocentré et la fin est un peu ridicule. Mais la mise en scène du quiproquo identitaire, vraie farce digne de Molière, est réalisée de façon drôle et élégante et donne au final, selon moi, un film frais et drôle, qui fait un bien fou.
"Tu sais il y en a plein qui vivent très heureux."
5. Spring Breakers d'Harmony Korine.
Korine, arty et branché ou pas : la question n'est pas là. Ce qui compte, c'est la performance de James Franco, Britney Spears au piano sur fond rose "Petit Poney" et la perdition du monde incarnée par les jeunes filles en fleur cagoulées et armées. Le spring break, espèce d'enfer flashy et ultra moderne, ressemble à une représentation de l'enfer et du purgatoire échappée d'un tableau de primitif flamand. Chaos, violence, nudité, punitions abjectes, hommes qui se piétinent et "aliens", tout y est. Tout est corrompu, tout brûle, la réalité n'existe pas, ou peut-être avec la grand-mère à l'autre bout d'un téléphone qui semble joindre un autre univers. Trop proustien pour que je n'aime pas. (Y'all.)
"Just pretend it's a video game. Like you're in a fucking movie."
4. Django Unchained de Quentin Tarantino.
Je crois que pour le décrire à sa sortie, la critique n'avait que le mot "jouissif" à la bouche? Hormis cette évidence, Léo a définitivement validé sa place de king of the world et illumine tout le film de son aura magique. (Je m'emporte.) Enfin, une autre revanche historique - jouissive, n'est-ce pas - de Tarantino, sans manichéisme et avec beaucoup d'intelligence et d'humour, comme d'habitude, et c'est pour mon plus grand plaisir que cette année aura vu fleurir toujours plus de "fucking shit", "motherfucker", "bitch" et autres "nigga"; et j'ajouterai enfin que, malgré quelques longueurs pour y arriver, la scène finale est un vrai cadeau du ciel.
3. The Master de Paul Thomas Anderson.
De quelle maîtrise on parle?
De quelle maîtrise on parle?
"When we're in love we experience pleasure, and extreme pain."
2. Pacific Rim de Guillermo del Toro.
C'est la fan de James Cameron qui s'exprime; on le reconnaît bien trop là-dessous. Maîtrise parfaite et grand spectacle. L'homme et la machine vs. la nature et Dieu. Et autres combinaisons possibles. On a beaucoup encensé Gravity, et à juste titre, mais Pacific Rim.
"There are things you can't fight : acts of God."
1. Ma vie avec Liberace de Steven Soderbergh.
Je ne saurais même pas décrire mon ressenti face à ce film; j'ai eu envie de faire un mémoire dessus. Je pense que la question du corps dans ce film est à étudier très sérieusement, puisqu'il en dit beaucoup de choses. Derrière le glamour, le "palais kitsch" et les éclats de lumière qui parsèment l'image, la douleur, la folie et la souffrance, que Douglas et Damon campent de façon époustouflante, glacent le sang. C'est son titre original, Behind the candelabra, qui en dit beaucoup plus sur le sujet de la dissimulation, du caché. Dans son film, Soderbergh réalise le parfait et émouvant strip-tease de son personnage fascinant qu'est Liberace.
"Too much of a good thing is wonderful."
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