mercredi 18 décembre 2013

Emmanuelle Béart toute nue dans Manon des Sources

Il y a quelques semaines, j’ai eu des spasmes de joie en voyant, placardées dans le métro, des affiches de La Fille du Puisatier, par Daniel Auteuil. Si vous êtes aussi sensibles que je le suis (et bizarrement, je n’en doute pas), vous ne résistez pas à la belle poésie de Pagnol, à l’accent du Sud, son soleil, ses cigales, ses pioupious et ses histoires de mariage, d’honneur et de famille. Là c’est le moment où j’ai envie de dire à ma mamie que je l’aime, puisque c’était chez elle que (déjà) je regardais en boucle ces adaptations de Pagnol, à l’âge où j’avais des robes à smocks et des dents en moins.
Scène Culte #9 : Emmanuelle Béart à oilpé dans Manon des Sources manon
Marcel Pagnol, grand écrivain français devant l’éternel, publie en 1963 un roman en 2 tomes : L’Eau des Collines (Jean de Florette et Manon des Sources). Dix ans plus tôt, il avait déjà réalisé Manon des Sources en film, mais bordeeel c’est compliqué. Bref. En 1986, Claude Berri (Germinal,Ensemble, c’est toutadapte ces romans au cinéma. Deux films qui ne vont pas l’un sans l’autre.
On va faire court. Jean de Florette (Gérard Depardieu), un intellectuel de la ville, accessoirement bossu, débarque en Provence où il hérite d’une propriété, pour devenir paysan. Ses deux voisins, César Soubeyrand (Yves Montand) et son neveu Ugolin (Daniel Auteuil) voulaient acheter la propriété et du coup sont un peu verts. Ils décident de boucher avec du mortier de bâtard la source de cette terre, parce que sans elle, la propriété ne valait rien et ils pourraient la racheter pour rien. Le bossu l’a gardé malgré tout, et s’est tué à petit feu à transporter sur ses épaules des litres d’eau chaque jour et à attendre une pluie qui ne viendrait jamais, alors qu’il avait une source juste sous ses pieds. Tout le monde savait, personne n’a rien dit. Du pur sadisme. Le plus vieux des 2 salauds (« le Papet ») le regardait souffrir en se frottant les mains, l’autre se sentait coupable, parce qu’il l’aimait bien, ce gentil bossu. A la fin, en voulant creuser un puits, il meurt. Les 2 vilains achètent la terre pour trois fois rien et trouvent l’eau d’un seul coup. Pas chelou.
Le 2e volet, Manon des Sources, c’est la vengeance de la fille du bossu, Manon (Emmanuelle Béart), qui découvre le coup de pute et va leur faire payer. En prime, Ugolin (le plus jeune, celui qui avait des remords) tombe follement amoureux d’elle. C’est ici que cela se passe (attention, c’est court) :



Cette scène est très particulière car elle marque le début de la fin pour le pauvre Ugolin, l’idiot du village au service de son Papet. Complètement foudroyé par la beauté de Manon, il en perd l’appétit et le sommeil et passera désormais son temps à la suivre dans les collines. Il mettra en douce dans ses pièges à elle (qui ne fonctionnaient pas) tout son gibier à lui et il coudra même un ruban de ses cheveux sur sa poitrine, à la place du cœur. Si ça ce n’est pas romantique. Personnellement, si un mec me courrait après dans les collines en me disant « Je t’aimeuuh Manong, je t’aimeuh d’amour, je t’aimeuh d’uneuh manièreuh queuh c’est pas possibleuh de le direuh » (ou comment écrire l’accent marseillais), ben je kifferai. Ouioui.
L’histoire de ces deux films est très semblable aux tragédies grecques, non seulement par le décor naturel méditerranéen presque divin, mais aussi par les crimes et les faiblesses de ces mortels (très semblables aux nôtres, on ne peut pas les haïr, même les mauvais) qui se trouvent les uns après les autres foudroyés par Dieu (ou la nature, selon les croyances). Dans cet univers, Manon évolue comme une nymphe – et dans cette scène de musique/danse plus que dans n’importe quelle autre, une déesse de la beauté et de la nature. De plus, le fait qu’elle joue de l’harmonica de son père d’une façon très joyeuse (quand elle s’en sert habituellement, c’est pour jouer l’air triste que jouait son père) est fait pour « narguer » le pauvre homme, genre « si ça se trouve j’aurais bien voulu de toi, mais tu as tué mon père, mate un peu ce que tu rates, tralala ! ».
C’est ici qu’Emmanuelle Béart s’est fait connaitre, en montrant son magnifique visage et son petit corps parfait (sans les implants mammaires et la bouche refaite).
[PS : Allez vraiment voir La Fille du Puisatier, en salles en ce moment. Parce queManon des Sources et Jean de Florette, vous pourrez les voir et les revoir chez vous (en DVD ou en téléchargement "légal" - clin d'œil appuyé), mais du Pagnol au cinéma - parce qu'Auteuil fait vraiment du Pagnol, c'est bougrement pas pareil.]
Pitch du film : Dix ans après la mort de son père, le bossu Jean de Florette, Manon n’a pas oublié que « le Papet » et Ugolin sont les responsables de sa mort, le privant de sa source. Un jour, une de ses biquettes se casse la gueule dans une grotte et elle trouve alors la source qui alimente le village. Elle la bouche, tenant ainsi sa vengeance contre le Papet et Ugolin, qui entre temps est tombé follement amoureux d’elle.
A savoir : Daniel Auteuil a réussi là où Ugolin a échoué : il a vécu en couple 11 ans avec Emmanuelle Béart (ils ont même une fille). 

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